Nuisibles Un écopiège contre les rats taupiers à l’essai
David Henocq teste dans ses vergers le piège conçu par l’Établissement et service d’aide par le travail (Esat) d’Objat en Corrèze, piège dans lequel les prédateurs naturels des rats taupiers viennent les récupérer.
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« Nous subissons des invasions de rats taupiers dans nos vergers depuis 2017, décrit David Henocq, pomiculteur à Allassac en Corrèze et adhérent de Perlim. Les parcelles de jeunes arbres sont particulièrement atteintes. C’est un fléau angoissant et redoutable qui nous coûte très cher. » Face à ce nuisible, l’arboriculteur a installé 4 kilomètres de grillage enterré à 60 cm pour protéger ses vergers. Il compte aussi parmi les premiers utilisateurs de l’écopiège conçu par l’Esat d’Objat.
Un piège tous les 20 à 30 mètres
David Henocq produit 1 300 à 1 400 tonnes de pommes « en année normale » sur 30 hectares de vergers consacrés à 95 % à de la Golden en AOP Pomme du Limousin. 3 hectares sont en agriculture biologique et 2,5 hectares en variété Rubis Gold. David Henocq a aussi déposé 200 écopièges, un tous les 20 à 30 mètres, le long de son grillage. « Nous piégeons des rats de manière écologique. Nous retrouvons les couvercles soulevés et les pièges renversés par les prédateurs des rats et visionnons leur activité grâce aux caméras placées dans les vergers. L’Esat a conçu un modèle pratique d’utilisation et efficient. Nous devons réussir à réguler cette population qui détruit nos arbres. »
« Nous avons pourtant planté 5 kilomètres de haies et les prédateurs sont nombreux dans notre région, mais ce n’est pas suffisant », constate le pomiculteur, qui chiffre à 25 000 euros son investissement en grillage et pièges sans compter dix jours de travail à quatre. Mille arbres ont aussi dû être remplacés pour un montant de 6 000 euros.
Inscrit au concours Lépine
« Nous avons commencé à concevoir un piège pour les rats taupiers en 2016 à la demande de la coopérative fruitière Perlim pour laquelle nous fabriquions déjà des palettes en bois », se souvient Vincent Durot, le directeur de l’Esat. L’établissement accueille 35 personnes handicapées et dix encadrants avec trois ateliers spécialisés en espaces verts, sous-traitance et scierie. Depuis la conception d’un modèle assez complexe à monter et à utiliser, le piège a évolué jusqu’à sa forme actuelle : une boîte tout en aluminium muni d’une trappe et d’un couvercle. Le rat taupier entre dans le piège posé au sol par la trappe et ne peut en ressortir. Ses prédateurs — renards, loutres, chats errants, sangliers… — s’en emparent en ouvrant le couvercle.
Ces pièges sont vendus 49 euros pièce aux particuliers, avec des tarifs dégressifs pour les professionnels. « Nous avons finalisé notre écopiège l’an passé, poursuit Vincent Durot. Son montage a été simplifié et son poids réduit de 1,9 kg à 1,7 kg. Il est facile d’utilisation et réparable. Nous avons déposé le dessin et le modèle fin décembre à l’INPI et avons reçu le certificat de dépôt le 14 février 2023. Nous l’avons aussi inscrit au concours Lépine qui se déroulera à Paris du 27 avril au 8 mai prochain. »
L’Esat, fière de son innovation, a capacité à fabriquer 100 000 pièges par an. L’objectif est d’en vendre 5 000 par an dans un proche avenir. « Écologique et pratique, notre écopiège devrait séduire de nombreux utilisateurs confrontés à des invasions de rats taupiers dans leurs terres, estime-t-il. Perlim est un client régulier. Le lycée agricole d’Aurillac dans le Cantal nous en a commandés pour faire des essais. Nous devons rencontrer le président de la chambre d’agriculture de la Corrèze. »
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